De nombreuses personnes formulent le souhait de devenir de meilleurs amantes ou amants. Que se cache-t-il derrière cette demande, a priori légitime, qu'une bonne proportion de la population partage ?
Lorsqu'un homme consulte parce qu'il souhaite "faire l'amour comme il se doit à sa partenaire", il est important de savoir d'où il part (la situation actuelle) et où il veut se rendre (ce qu'il vise). Qu'entend-il par "faire l'amour" et "comme il se doit" ? Où mettre le curseur ? Par expérience d'ailleurs, je vois beaucoup moins de femmes se poser cette question sur leur performance sexuelle.
"Faire l'amour" ne recouvre pas vraiment la même signification que "baiser". Le contexte, l'intention, le besoin. Sans jugement de valeur, pour simplifier, "baiser" répond à des besoins génitaux (stimulation génitale en vue d'une décharge orgastique) alors que "faire l'amour", même si ça passe par des relations sexuelles complètes, répond à des besoins plus émotionnels (communier, être avec l'autre, fusionner, concrétiser l'attachement et l'affection, décharge orgasmique).
La neurobiologie confirme le fait que (1) les phéromones (substances chimiques inodores jouant le rôle de messagers entre 2 individus) tiennent une place prépondérante dans le choix du partenaire à notre insu, que (2) une rencontre spéciale peut déclencher la production d'une amphétamine, la phényléthylamine (PEA), responsable de l'euphorie amoureuse qui diminue invariablement avec le temps tandis que (3) avoir des relations sexuelles déclenche la production de dopamine (sentiment de bien-être) et d'ocytocine (sentiment de confiance et d'attachement).
Si l'on souhaite avoir un couple durable, il est en effet souhaitable de provoquer la production de ces hormones d'attachements régulièrement tout en développant une complicité amicale. L'une de ces façons est d'avoir des relations sexuelles.
Ensuite, l'injonction "comme il se doit" est assez vague tout en étant stricte. Si elle sous-entend clairement une insatisfaction sur le moment, elle caractérise une réalité très subjective. Pour poser un diagnostic plus précis, il faut comprendre ce qui cause cette demande. Est-ce la personne concernée qui ne se sent pas à la hauteur désirée ? Est-ce le/la partenaire qui ne se sent pas satisfait(e) ? Est-ce que le demandeur perçoit une pression sociale ? Est-ce que le but fixé est réaliste, réalisable ou souhaitable ?
Les magazines, aussi bien féminins que masculins, fourmillent de conseils, de trucs et d'astuces censés nous aider à atteindre l'objectif tant désiré. Nous sommes en 2017 et la performance sexuelle est devenue un élément essentiel de l'estime que l'on ressent pour soi. Il est à noter que la sexualité en solo ne pose en général aucun problème de performance. Elle est davantage défiée lorsque deux êtres sexuels (ou plus) se rencontrent.
Être un bon amant suppose deux habiletés fondamentales : développer un registre sexuel large (avoir plusieurs cordes à son arc) et faire de la place pour deux plaisirs sexuels distincts qui se rejoignent. Cela n'est donc pas inné : il faut expérimenter pour savoir ce qu'on aime un peu, beaucoup, pas du tout. Il faut à la fois avoir des repères à sa propre excitation, être assez solide pour accueillir un autre monde dans le sien afin d'éviter une anxiété de performance contre-productive. L'être humain est un animal curieux. Il se pose toutes sortes de questions aussi bien pour évoluer que pour comprendre le monde qui l'entoure. Seulement, dans le cadre de la sexualité, le doute et la fragilité n'est pas un très bon allié. Il faut bien réfléchir dans un premier temps, puis se lancer et agir avec assurance dans un second temps. Si vous souhaitez approfondir la question, consulter un sexologue pourra vous éclairer davantage. #amour #sexualité #bonheursexuel #amant #normal #performancesexuelle #anxiétédeperformance #neurobiologie
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